Si votre portefeuille de placements est diversifié (pour plus de renseignements sur la diversification de portefeuille, consultez cette infographie), il est probable qu’il contienne des investissements hors Canada, par exemple sous la forme de fonds communs de placement* qui investissent dans des entreprises américaines. Il s’agit d’une pratique communément répandue puisque le Canada représente à peine 3 % des marchés mondiaux : on peut ainsi exposer son portefeuille à des occasions de placement qui sont moins présentes au Canada.
Ce faisant, on se trouve cependant à faire deux investissements à la fois : dans les titres étrangers en question et dans la devise dans laquelle ils sont détenus. Cela ajoute au risque du placement un risque parfois insoupçonné : celui lié à la devise.
Pour illustrer le phénomène, considérons cet exemple.
Deux placements pour le prix d’un
Supposons que, de concert avec votre conseiller, vous placez 10 000 $ dans un fonds commun d’actions américaines. Vous faites votre achat en dollars canadiens, dans votre compte au Canada, mais le gestionnaire du fonds, lui, doit acheter les actions sur la Bourse américaine, où elles se négocient en dollars américains. Imaginons maintenant que le taux de change soit de 0,75 $US pour 1,00 $CAN. Vous venez donc de faire un achat de 7 500 $ en devise américaine.
Supposons qu’un an plus tard, le fonds a enregistré une croissance de 10 % et vaut désormais 8 250 $US. Quel rendement avez-vous obtenu? Cela dépendra du cours de la devise. Si le dollar canadien a pris de la valeur et, par exemple, s’échange désormais à 0,80 $US (1,25 $CAN pour 1 $US), votre investissement vaut désormais 8 250 $US x 1,25, soit 10 312,50 $. Votre rendement est donc de 3,12 %, et non de 10 %. À l’inverse, si le dollar canadien a perdu de la valeur et s’échange, par exemple, à 0,73 $US (1,37 $CAN pour 1 $US), votre investissement se chiffre désormais à 8 250 $US x 1,37, donc 11 302,50 $ – un rendement de plus de 13 %.
Bref, si la valeur de la devise canadienne augmente par rapport à celle dans laquelle les titres sont négociés, cela diminue le rendement, alors que si elle baisse, cela augmente le rendement.
Est-ce important ?
Ce risque lié à la devise est-il important dans une stratégie de placement? Oui et non. Lorsqu’on regarde le graphique suivant, on peut deviner que la forte appréciation du dollar canadien au milieu des années 2000 a sérieusement nui au rendement des fonds d’actions américaines détenus dans des portefeuilles canadiens. En revanche, on constate aussi que le taux de change des deux devises est à peu près le même aujourd’hui qu’il l’était au milieu de la dernière décennie et de chacune des décennies précédentes, de telle sorte que sur ces longues périodes, l’effet du cours des changes est beaucoup moins significatif.
Votre rendement en dollars canadiens dépend donc entièrement des moments où vous achetez votre placement et le revendez, ou encore du moment où le calcul du rendement est fait, notamment pour votre rapport de rendement de fin d’année.
Peut-on neutraliser ce risque?
Il existe des stratégies dites « de couverture » qui, à l’aide d’instruments financiers spécialisés, permettent de mitiger l’effet de la fluctuation des devises. De telles stratégies sont notamment utilisées par les entreprises commerciales qui achètent ou vendent des produits à l’étranger et pour qui de telles fluctuations pourraient se traduire rapidement par des pertes financières importantes. Chez les investisseurs particuliers qui investissent à long terme (par exemple pour leur retraite), ces stratégies, bien qu’offertes par certains fonds communs de placement, sont plus rares.
En fait, en atténuant le risque lié à la devise, de telles stratégies se trouvent à atténuer aussi le potentiel de gain, dans le cas où l’évolution des taux de change serait favorable. Au cours de la dernière décennie, le taux de croissance annuel composé de l’indice boursier américain S&P 500 a été de 14,22 % en dollars américains. En dollars canadiens, cela s’est traduit par une croissance annuelle de 16,95 % parce que la devise canadienne s’est dépréciée face au dollar américain. Avec une stratégie de couverture, cependant, la croissance annuelle n’aurait été que de 13,12 %, ce qui est inférieur au rendement en dollars américains en raison des frais de couverture. Pour qu’une approche de ce type soit bénéfique, il faut donc se trouver face à une appréciation importante et à long terme de la devise canadienne. Dans toute autre circonstance, on juge souvent préférable de laisser agir le jeu des taux de change, avec ses effets parfois positifs, parfois négatifs.
En conclusion…
Comme on peut le voir, si une hausse du dollar canadien a de bons côtés pour les vacanciers qui se rendent chez l’Oncle Sam, elle peut leur réserver une mauvaise surprise dans leur portefeuille de placement. Heureusement, l’inverse est aussi vrai!
Si cette question vous intéresse, n’hésitez pas à en discuter avec votre conseiller.
* Les fonds communs de placement sont offerts par l’entremise de représentants en épargne collective rattachés à SFL Placements, Cabinet de services financiers.
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Les sources suivantes ont été utilisées dans la rédaction de cet article.
Desjardins, « La gestion du risque de change ».
ETF News, « Should Canadians buy currency hedged or unhedged ETSs? »
Investing.com, « USD / CAD ».
MoneySense, « Should I buy my U.S. stocks in Canadian dollars? »
Visual Capitalist, « The $109 Trillion Global Stock Market in One Chart ».
Wealth Management Canada, « Currency Risk: What Canadians should know about foreign currency investments ».